Votre enfant ou vos élèves se plaignent d’une écriture douloureuse et manquent d’endurance. Vous-même éprouvez un inconfort dans votre geste dès qu’il s’agit d’écrire à la main. Quelles sont les causes de ces douleurs et comment y remédier pour améliorer l’écriture?
Dans la plupart des cas, une écriture douloureuse est la conséquence d’un geste inapproprié comme une mauvaise posture, un stylo tenu maladroitement, une écriture au poignet, ou encore une main trop crispée.
Le manque d’entraînement est aussi une cause fréquente des douleurs à l’écrit. On observe ainsi de l’inconfort chez les jeunes collégiens peu habitués à écrire à un rythme soutenu.
Parfois, la qualité du stylo est seule responsable d’une écriture douloureuse. Une encre trop épaisse, une mine médiocre ou un stylo en fin de vie induisent de la pression et de la crispation.
Plus rarement, des pathologies comme le syndrome du canal carpien, la tendinite, l’hypermobilité articulaire (hyperlaxité et syndromes d’Ehlers-Danlos) ou encore la dystonie de la main (crampe de l’écrivain), rendent l’écriture douloureuse voire impossible.
Or pathologie, il est à noter que beaucoup d’enfants n’ont pas conscience d’avoir mal en écrivant. Ils se sont habitués à l’inconfort de leur geste.
Passons en revue les différentes causes de l’écriture douloureuse:
Mauvaises postures
Dos voûté, buste tordu, poignet cassé, ces mauvaises postures à l’écrit créent des tensions dans le corps et font mal. L’environnement du scripteur – mobilier, éclairage, formats de cahier – influencent directement la posture. Mais d’autres facteurs endogènes sont aussi à prendre en compte comme l’âge ou la latéralité de celui qui écrit par exemple.
Pour favoriser une bonne posture
Adapter l’environnement du scripteur, surtout en début d’apprentissage
- Hauteur du mobilier réglée pour un buste droit, les pieds à plat et les bras posés sur la table sans efforts.
- Plan de travail rangé pour une posture stable et libérée de toutes contraintes.
- Dimension raisonnable du cahier. Incliné dans l’axe du bras, il ne doit pas déborder de la table, ni gêner le voisin.
- Gauchers et droitiers installés au même bureau doivent être placés avec leur main dominante vers l’extérieur.
- Éclairage suffisant pour prévenir une flexion excessive du cou.
Repérer les facteurs de risque
- Un défaut d’apprentissage (saut de classe): bien s’installer pour écrire ça s’apprend. Cahier incliné, poignet droit, main sous la ligne d’écriture.
- Les gauchers n’ont pas de raison de casser le poignet au-dessus de la ligne. La posture est la même que pour les droitiers (bien incliner et éloigner le cahier du buste).
- Les réflexes primitifs encore présents parasitent la posture: pieds enroulés autour de la chaise, jambe coincée sous les fesses, tête posée sur l’avant-bras.
- Les problèmes visuels non traités aussi. Mouvements de tête ou cou tendu en avant peuvent venir d’un strabisme ou d’une myopie.
- Le jeune âge du scripteur est responsable de postures transitoires. La tête est près de la feuille, le corps collé à la table.
Mauvaise tenue du stylo
Il existe une grande variété de tenues de stylo. Une seule pourtant est optimale (avec les trois premiers doigts mobiles). Une prise en main du stylo inappropriée peut provoquer des douleurs et parfois même des crampes. Généralement associée à une pression excessive des doigts sur le crayon et a de la lenteur, elle a pour conséquence une faible endurance à l’écrit.
Pour favoriser une bonne tenue du stylo
- Choisir un outil de qualité, adapté à la taille des petites mains lors de l’apprentissage (pas de gros marqueurs), au corps non lisse (grip ou forme ergonomique simple), au débit d’encre régulier.
- Ne pas commencer trop tôt l’apprentissage de l’écriture car le manque de maturité motrice se compense par une mauvaise tenue de crayon.
- Enseigner la prise tridigitale dynamique* dès l’apprentissage de l’écriture. Le crayon est tenu pincé entre le pouce et le majeur, l’index sert de guide, le pouce de « moteur » (flexion/extension du pouce pour écrire).
- Muscler, délier et dissocier les doigts pour une tenue souple et précise du stylo.
- Renforcer la latéralisation de l’enfant hésitant sur sa main dominante avec des jeux de coordination.
- Favoriser la maturation de l’agrippement palmaire responsable de la crispation de la main sur le crayon (jeux stimulant la paume de la main).
Crispation, pression excessive
Un grand classique de l’écriture douloureuse: la crispation et/ou une trop grande pression exercée sur la mine. Les doigts sont crispés, le corps contracté, même les mâchoires peuvent être serrées. La tenue de crayon y est pour beaucoup mais l’origine de ces tensions peut être tout autre: une erreur dans le choix de la main scriptrice, un réflexe d’agrippement palmaire encore présent, une mine de crayon trop dure, etc.
Pour favoriser la détente
- Pratiquer régulièrement l’écriture afin d’automatiser le geste graphomoteur. Moins l’élève écrit, plus il est crispé.
- Expliquer le geste cursif. Écrire n’est pas calligraphier. On ne dessine pas les lettres, on les enchaîne dans un mouvement anti-horaire.
- Intégrer le réflexe d’agrippement palmaire est un préalable à une tenue de crayon souple. Si le réflexe est présent, les doigts s’agrippent au stylo.
- Vérifier la latéralité car il arrive que le scripteur n’ait pas choisi sa “bonne main” pour écrire. Lenteur et crispation persistantes peuvent en être le signe.
- Augmenter la quantité d’écrits progressivement évite stress, fatigue et douleur (attention aux scripteurs fragiles à l’entrée au collège).
- S’assurer de la qualité du stylo et du niveau d’encre. Choisir des mines de crayons moyennes à tendres (HB, 2B) qui réclament peu de pression.
Écriture au poignet
La progression de l’écriture se fait dans un mouvement de rotation des doigts et de translation du bras. En aucun cas le poignet ne doit former les lettres ou se tordre pour avancer sur la ligne. Lorsque c’est le cas, l’écriture est grande, la ligne difficilement tenue. La posture globale et l’inclinaison de la feuille sont donc déterminantes dans l’acquisition d’une écriture « avec les doigts » et non par flexion/extension du poignet.
Pour favoriser un déplacement efficace du bras et écrire en mobilisant les doigts
- Revoir la position du cahier: décalé du buste, incliné selon sa latéralité. Un cahier placé droit devant soi oblige à mettre sa main sur ou au-dessus de la ligne d’écriture ce qui favorise les mouvements de poignet.
- Revoir la position de la main. Placée sous la ligne d’écriture avec un poignet droit, les doigts sont mobiles et précis. Les yeux voient l’écriture progresser et anticipent la fin de la ligne.
- Laisser le bras scripteur libre de son mouvement de translation vers la droite. L’autre bras sert de point d’appui et tient le cahier sans gêner la main qui écrit (en se plaçant en haut ou sur le côté de la page).
- Muscler et délier les doigts pour les rendre mobiles. Un pouce faiblement musclé est un frein à l’écriture avec les doigts.
- Revoir la tenue du stylo. Une prise non mature entraîne une écriture au poignet (pouce verrouillé par-dessus les autres doigts par exemple).
Mauvais outils scripteurs
Nous l’avons vu plus haut, le confort à l’écriture passe aussi par le choix d’un bon outil, adapté à l’âge et à l’expertise du scripteur. Donner un stylo bille à un débutant risque de le mettre en difficulté; le crayon à papier est plus indiqué. Ainsi, être débutant, apprenti ou expert conditionne le choix du stylo. Notons que le débit d’encre, la prise en main ou encore la glisse de la mine sur le papier, sont autant d’éléments à considérer au moment de choisir son outil.
Pour bien choisir son stylo ou son crayon
- Longueur, diamètre et poids sont à évaluer en fonction de la taille de la main (pas de gros marqueurs pour les tout-petits). La prise doit être stable (pas de gomme fantaisie au bout du crayon) et le crayon d’une longueur suffisante (allongé dans l’espace pouce/index).
- La dureté de la mine des crayons influence directement la pression exercée par les doigts. Privilégier les mines tendres (HB, 2B).
- Les stylos à bille incitent presque tous à une tenue verticale et à une pression importante. Les éviter en début d’apprentissage ou choisir une bille large.
- La qualité de la mine du stylo procure une plus ou moins grande sensation de glisse sur le papier. Ne pas hésiter à les tester.
- Les rollers à encre gel ou liquide glissent davantage sur le papier que les stylos bille (mais pas tous!). Attention, ils réclament une qualité supérieure de papier au risque de faire buvard (pas de papier brouillon).
- Les stylos à plume sont indiqués une fois la formation des lettres et le déplacement de la main acquis. Choisir une plume d’apprentissage ou une plume moyenne pour débuter.
- Les stylos médiocres délivrent trop ou pas assez d’encre, ou les deux à la fois. Gare à la pression et aux bavures!
- Les guides-doigts aux formes simples augmentent le diamètre du stylo et le confort, c’est une aide transitoire. Les forment dites “ergonomiques” vendus comme aide à l’écriture sont rarement adaptées.
Augmentation de la quantité d’écrits et de la vitesse au collège
À la lecture de cet article, vous l’aurez compris, l’augmentation du rythme d’écriture au collège n’est pas la cause directe des douleurs à l’écrit. Certains élèves manquent de pratique mais la plupart des collégiens qui consultent pour des douleurs ont en réalité des problèmes de posture et de tenue de crayon.
Affections liées à la surutilisation de la main et autres pathologies
Enfin, il arrive que les douleurs qui se manifestent pendant l’écriture soient d’ordre pathologique. Il faut alors consulter un médecin. Ces douleurs peuvent être le signe d’une maladie ou d’une surutilisation de la main.
Les plus courantes sont
- La tendinite (mouvements répétitifs: bricolage, musique, écriture).
- Le syndrome du canal carpien.
Plus rarement
- La crampe de l’écrivain (dystonie de la main).
- L’hypermobilité articulaire et syndromes d’Ehlers-Danlos.
Bon à savoir
Pour comprendre l’origine des douleurs, il est important de bien les localiser. Fermer les yeux juste après avoir écrit aide certains élèves à mieux ressentir le siège de la douleur.
Pour aller plus loin
Nous venons de voir les 7 causes probables d’une écriture douloureuse et les moyens d’y remédier.
Mais qu’en est-il d’une écriture lente? Illisible?
Deux graphopédagogues de l’association 5E vous répondent:
Écriture illisible, par Christine Groot
Écriture lente par Nathalie Madelaine
Vous souhaitez améliorer votre écriture ou venir en aide à votre enfant? Venez faire le point au cabinet de graphopédagogie La Manuscrite à Nouméa. Prendre rendez-vous.
Anne-Soline Sandy – www.lamanuscrite.nc
Rééducation de l’écriture à Nouméa, Nouvelle-Calédonie.